Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bières trouva-t-il, en arrivant à Rome, M. de Saint-Aulaire en proie au plus grand trouble. Le pape venait de tomber dans un violent accès de colère, et le cardinal Bernetti s’était écrié : « Non, depuis les Sarrasins, rien de semblable n’avait été tenté contre le Saint-Père. » On savait, depuis quelques heures, la nouvelle de l’occupation d’Ancône.

Cette occupation avait eu lieu dans la nuit du 22 au 23 février 1832, grâce à la résolution du capitaine Gallois et du colonel Combe, qui, ne rencontrant pas à Ancône le général chargé des instructions du gouvernement, n’avaient pas craint de prendre, sous leur responsabilité personnelle, le parti le plus conforme à l’honneur du drapeau. L’escadre étant arrivée à trois milles d’Ancône, une partie des troupes descendit à terre et gagna la ville, au pas de course. Les portes étaient fermées ; sur le refus des pontificaux de les ouvrir, les sapeurs du 66e en enfoncent une à coups de hache, et bientôt les Français, se répandant de toutes parts, désarment les postes, mettent aux arrêts le colonel Lazzarini, qui était tranquillement endormi, et se rendent maîtres de la ville. Le lendemain, à midi, toutes les troupes étaient débarquées, et le colonel Combe, à la tête d’un bataillon, s’avançait sur la citadelle. Les Français se livraient à l’espoir d’un combat avec leur fougue ordinaire et brûlaient de monter à l’assaut. Mais les troupes pontificales cédèrent, et, après quelques pourparlers, les Français furent reçus dans la forteresse sur laquelle flotta aussitôt le drapeau tricolore, si cher aux Italiens.