Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/196

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce jour fut pour les habitants d’Ancône un jour de fête et de triomphe. En peu d’instants, les trois couleurs brillèrent dans toutes les rues et sur toutes les places. Vive la liberté ! criaient les Français, et ce cri était répété par les patriotes Italiens avec attendrissement et avec orgueil. Le gouverneur de la province et le commandant de la place, faits d’abord prisonniers, furent relâchés ensuite et sortirent d’Ancône. Les prisons d’état furent ouvertes, la liberté fut rendue à Marco Zaoli de Faenza et à Angelo Angelotti d’Acquaviva. Le soir, le théâtre retentissait de chants patriotiques, et la ville était illuminée. Dans tous les lieux publics, les habitants fraternisaient avec les soldats. Dans un des principaux cafés d’Ancône, un officier d’état-major monta sur un banc, et tenant l’épée nue, il dit que le 66e n’était qu’une avant-garde envoyée par la France pour annoncer l’affranchissement du pays. À ces mots, d’unanimes applaudissements éclatèrent, et l’on vit, comme à l’époque de la révolution du juillet, des citoyens verser des pleurs d’enthousiasme.

Toute l’Europe s’émut de cet événement. Le pape exhala son ressentiment dans une protestation amère. L’ambassadeur d’Autriche en France, M. d’Appony, demanda des explications. Le général Grabowski, commandant les troupes autrichiennes à Bologne, publia une proclamation dans laquelle il disait que les Français étaient certainement venus à Ancône, guidés par les mêmes motifs que les Autrichiens. En Angleterre, les ministres furent vivement interpellés sur la tolérance de leur politique