Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/198

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rapports l’expédition paraissait sans but, et il n’en restait plus alors que l’irrégularité et le danger.

L’attitude hostile prise par la cour de Rome vint donner de l’autorité à ces reproches de l’Opposition. Le général Cubières eut beau annoncer aux habitants d’Ancône, dès son arrivée dans cette ville, que sa mission était de nature à resserrer les liens d’amitié qui existaient entre la France et les Etats de l’Eglise, le pape fit évacuer la ville par ses troupes, et donna ordre qu’on transportât à Osimo le gouvernement de la province. Nous dirons plus bas à quelles tristes conditions le cabinet des Tuileries obtint du pape l’autorisation de prolonger le séjour des Français à Ancône, et quel rôle y fut imposé à nos soldats. La vérité est que l’occupation, prise à son origine, avait eu un résultat utile : celui dé mâter les vues ambitieuses de la cour de Vienne, en lui montrant qu’on n’entendait pas qu’elle changeât eh droit de conquête sa sollicitude pour le souverain pontife.

Quoi qu’il en soit, le redoublement d’attaques auquel l’exposaient, même les mesures dont il espérait le mieux, avait jeté Casimir Périer dans un état d’exaspération qui le rendait pour tous les siens un objet dé compassion ou de terreur. Tantôt abattu et se traînant à peine, tantôt exalté jusqu’au délire, il semblait n’avoir plus de vie que pour la haine. Rien n’avait pu apaiser la soif dé despotisme qui était en lui : ni l’humilité de ses collègues qu’il faisait mouvoir d’un signe, ni son empire sur la chambre dont sa voix soulevait et calmait tour à tour les passions, ni l’insolence des courtisans par lui seul en-