Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/207

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Augmentée par ces discours, la colère publique allait croissant et elle était partagée par les autorités elles-mêmes. Le procureur général, M. Moyne, ne se cachait pas pour exprimer son indignation. Une enquête était réclamée de toutes parts : la cour royale évoqua l’affaire. En même temps, sur la réquisition du préfet, qu’avaient devancée leurs propres inspirations, les conseillers municipaux convoquaient la garde nationale, et le rappel battait dans tous les quartiers. Des jeunes gens, non incorporés à la garde, couraient çà et là demandant des armes. Plusieurs d’entr’eux, tous républicains, se réunissent sur la place Saint-André, se donnent pour chef M. Vasseur, connu pour sa résolution, pour son courage, et s’organisent en compagnie franche. L’autorité municipale avait publié une proclamation conciliante et noble : on y applaudit avec transport. Une autre proclamation du préfet, conçue en termes violents, est arrachée avec insulte, et quelques exemplaires, qui passent de main en main, ne servent qu’à exaspérer davantage les esprits. Tout semblait annoncer une lutte terrible. Des voltigeurs paraissent soudain sous la voûte de l’Hôtel-de-Ville, et on reconnaît en eux quelques-uns des soldats de la veille ! La mesure des imprudences était comblée : dans toute la ville s’éleva ce cri menaçant : « nous ne voulons plus du préfet ; nous ne voulons plus du 35e de ligne ! »

Déjà les principaux membres du conseil municipal, MM. Ducruy, Buisson et Aribert, s’étaient rendus chez le préfet, qu’entouraient le lieutenant-général Saint-Clair et ses officiers d’état-major. Le