Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/214

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Renchérissant sur les assertions audacieuses de ce discours, auquel M.Odilon Barrot venait de répondre avec beaucoup de sens, de mesure et de dignité, Casimir Périer affirma qu’on avait crié sous les fenêtres de M. Duval : A bas le gouvernement ! Vive la république ! et il adressa hautement à la garde nationale de Grenoble le reproche de n’avoir pas répondu à la convocation qui plaçait l’ordre sous son égide.

En lisant dans le Moniteur le compte-rendu de la séance du 20 mars, la population de Grenoble se sentit calomniée et se répandit en plaintes amères. Une enquête fut ouverte ; une protestation appuyant l’œuvre de la municipalité et démentant les accusations du président du conseil, fut couverte en peu de temps de deux mille cent soixante-six signatures ; le conseil municipal prépara un rapport destiné à faire connaître la vérité à la France ; enfin, M. Maurice Duval lui-même, fut obligé de reconnaître publiquement qu’il avait été induit en erreur, et qu’on n’avait poussé devant la porte de son hôtel aucun des cris séditieux dont Casimir Périer avait entretenu la chambre.

Mais la colère des ministres croissait avec leur confusion. Une ordonnance prononça la dissolution de la garde nationale de Grenoble, et en prescrivit le désarmement. Le lieutenant-général Saint-Clair, qui, pour éviter l’effusion du sang, avait autorisé la remise des postes à la garde nationale, fut brutalement destitué. On mit en disponibilité le commandant de la place, M. Lespinasse. Le colonel d’artillerie Chantron fut admonesté et remplacé. Le lieutenant-général Hulot qui avait donné l’ordre