Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de le calmer, il fut pris d’un attendrissement soudain, et s’écria, en montrant sur sa personne les empreintes déja visibles de la mort : « Ah ! je suis perdu ! Ils m’ont tué ! »

La maladie du président du conseil s’aggravant de jour en jour, il fallait lui choisir un successeur temporaire : M. de Montalivet fut chargé par intérim du ministère de l’intérieur. L’ordonnance rendue à ce sujet était en date du 17 avril ; le 16 mai Casimir Périer n’était plus. Le roi écrivit à la famille en termes convenables, et il dit à un de ses intimes : « Casimir Périer est mort est-ce un bien, est-un mal ? l’avenir nous l’apprendra. »

Le jour même où Casimir Périer mourut on ensevelissait Georges Cuvier, victime d’une maladie qui n’était point le choléra-morbus. Georges Cuvier fut l’honneur de son pays, l’honneur de son siècle, et il y aura place, à la fin de cet ouvrage, pour l’exposition de ses travaux immortels. Ses funérailles, cependant, n’eurent pas l’éclat de celles que les passions politiques avaient préparées au président du conseil. Plusieurs personnages considérables, parmi lesquels M. Royer-Collard, prononcèrent des discours pleins de tristesse sur la tombe de Casimir Périer. Une souscription fut ouverte dans le but d’élever un monument à sa mémoire. La douleur fut profonde, surtout parmi les commerçants, dont plusieurs fermèrent leurs boutiques le jour du convoi, en signe de deuil. La Bourse, cet impassible pouvoir, la Bourse s’émut.

Telle fut la fin de Casimir Périer. Il avait vu dans la société, non pas des hommes à diriger, mais des