Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/279

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La côte avait été reconnue long-temps à l’avance. Marie-Caroline aborda sans accident. Mais pour parvenir jusqu’à la chaumière où on lui avait préparé un asile, il y avait à gravir des rochers que n’escaladaient pas sans crainte les contrebandiers les plus hardis. La princesse parcourut gaîment ce chemin difficile, préparée qu’elle était à tous les dangers, pourvu qu’elle arrivât au triomphe.

Pendant ce temps, un singulier concours de circonstances répandait à Marseille le bruit du débarquement de la duchesse de Berri. Dans la soirée du 28, un de ses plus dévoués partisans, inquiet du retard dont nous avons dit les causes, avait loué au patron Tarteiron un bateau dans lequel il déposa des filets et des fusils pour faire croire à une partie de pêche et de chasse. Ce bateau, sorti du port de Marseille, se porta vers les îles de Riou dans la direction du Phare de Planier. L’inconnu qui l’avait loué donnait des signes non équivoques d’anxiété ; il demanda de la lumière pour lire un papier et regarda sa montre. Mais bientôt un autre bateau pêcheur ayant paru, il y eut échange de paroles mystérieuses, et la barque de Tarteiron reçut tout-à-coup l’ordre de regagner la côte. Or, par un fâcheux hasard, les gens de cette barque entrèrent, pour se sécher, dans le même cabaret que ceux qui venaient de débarquer la duchesse de Berri. Des mots imprudents furent prononcés, on but à la santé de la princesse, et en peu de temps, l’autorité fut informée par la rumeur publique d’une nouvelle qu’il eût été si important de cacher.

Aussitôt tout fut préparé dans la prévision d’un