Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/280

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soulèvement, et, pendant la nuit du 29 au 30 avril, tous les postes furent doublés à Marseille. Les conjurés, de leur côté, se voyaient forcés de précipiter le dénouement. Le 30, vers cinq heures du matin, un appel fut fait à trois ou quatre cents pécheurs réunis sur l’esplanade de la Tourette, qui domine la mer et la rade. Ils répondirent par des cris confus, mais aucun d’eux ne se mit en mouvement. Armés de sabres ou de pistolets, quelques-uns des conjurés parcouraient les groupes, cherchant à les exciter. Ce fut en vain. Plusieurs barques qui se trouvaient dans le port s’éloignèrent à la hâte. Une sommation menaçante adressée à la consigne n’eut d’autre effet que d’amener le douanier à abaisser le drapeau tricolore, qui fut mis en pièces. Le tocsin sonnait à l’église de Saint-Laurent, et déjà le drapeau de la légitimité flottait sur le clocher. Pendant ce temps, la foule grossissait, mais elle se composait surtout de femmes. Sur presque tous les visages on ne lisait que la curiosité, l’indifférence ou le soupçon. « C’est un mouvement ordonné par la police », murmuraient quelques voix. Les conjurés commençaient à se décourager. Après avoir fait quelques pas sur le port, ils prirent le parti de remonter le quartier St.-Jean. Les portes, les fenêtres, se fermaient de toutes parts sur leur passage, et les personnes même qui les encourageaient par leurs cris s’abstenaient de les suivre. Ils comprirent alors que le mouvement était manqué et résolurent de se disperser. Mais en ce moment la tête du rassemblement parut vis-à-vis le palais de justice. Un peloton du 13e de ligne y était de garde, sous les ordres du sous-lieutenant Chazal.