Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/281

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Cet officier aperçoit une petite troupe arrivant en désordre et, au premier rang, un jeune homme qui agitait un mouchoir au bout d’un sarment. Il ordonne à ses soldats de se former, se porte lui-même en avant, et tandis que le rassemblement se dispersait, on arrêtait MM. de Candolle, de Bermond et de Lachau, qui s’étaient trouvés séparés de leurs compagnons. A une heure, un billet fut remis à la duchesse de Berri, dans sa retraite il ne contenait que cet avertissement laconique : « Le mouvement a manqué, il faut sortir de France. »

La duchesse de Berri fut attristée, mais non pas abattue. Elle voulait d’abord gagner l’Espagne pour se rendre de là en Vendée. On lui représenta que la tempête grondait encore ; qu’aucune barque ne pouvait en un pareil moment se risquer sur les flots ; que, d’ailleurs, l’éveil ayant été donné, le rivage était couvert de douaniers attentifs. Elle résolut alors de parvenir dans la Vendée en traversant la France, et rien ne fut capable d’ébranler sur ce point sa résolution. A Massa, elle avait eu un songe dans lequel le duc de Berri lui était apparu et lui avait dit : « J’approuve vos projets mais vous ne réussirez pas dans le Midi ; vous n’aurez de succès qu’en Vendée. » Ce songe avait produit sur elle une impression profonde que les derniers événements n’étaient pas de nature à affaiblir. Elle quitta donc son asile, s’égara dans les bois, fut obligée de passer la nuit dans une misérable hutte dont il fallut enfoncer la porte, et alla enfin se réfugier chez un républicain auquel elle se présenta en disant : « Je suis la duchesse de Berri. » Le républicain offrit une hos-