Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/282

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pitalité discrète et généreuse à cette mère fugitive d’un prétendant. Le 2 mai, à cinq heures du soir, elle entrait dans le château de M. de Bonrecueil, un de ses partisans les plus zélés, et, dans la soirée du 4, elle était en route pour l’Ouest avec MM. de Mesnard, de Villeneuve et de Lorge, dans une calèche attelée de chevaux de poste. Elle avait laissé pour adieux à ses amis ces trois mots : « Messieurs, en Vendée ! »

Cependant, le 5 mai, dans la soirée, les passagers du Carlo-Alberto aperçurent à l’horizon une longue colonne de fumée. Bientôt ils virent paraître un bateau à vapeur, le Sphinx, qui s’avançait rapidement. Une de ses embarcations se détacha, et deux officiers montèrent à bord du Carlo-Alberto. MM. de SaintPriest, Adolphe de Bourmont, de Kergorlay fils, Sala, et Melle Lebeschu, étaient à table sur le pont. Ils firent bonne contenance pendant que l’un des deux officiers examinait les papiers de bord. Mais sur l’objet d’une visite semblable, toute illusion était évidemment interdite. Le Sphinx remorqua le Carlo-Alberto jusqu’à Toulon. En quelques instants, le bruit courut dans toute la ville que la duchesse de Berri était prise. N’osant pas se rendre sur le Carlo-Alberto pour s’en assurer, l’amiral Rosamely envoya le lieutenant Sarlat. Celui-ci demanda donc à être introduit auprès de la dame qui était à bord. A l’aspect de Melle Lebeschu, qui avait pris le nom de Rosa Staglieno, M. Sarlat ne put se défendre d’un certain trouble ce fut à peine s’il prit le temps de la considérer avec attention, et il se retira convaincu que la duchesse de Berri était à bord du Carlo-Alberto. La nouvelle en fut immédiatement transmise à Paris