Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/283

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par le télégraphe, et le Carlo-Alberto fut dirigé sur Ajaccio. Il y resta jusqu’au 8 mai, sous le coup de la surveillance la plus active. Le 8, quatre des passagers suspects furent transférés à bord du Nageur, et conduits à Marseille, où on les plaça sous mandat de dépôt après les avoir interrogés. Quant à la fausse duchesse de Berri, on se disposait à lui faire prendre, sur la Bellone, la route d’Holy-Rood, lorsqu’un aide-de-camp du roi, M. D’Houdetot, qui était accouru de Toulon pour voir la princesse, découvrit l’erreur et sauva ainsi le gouvernement du ridicule d’une mystification complète.

Mais déjà l’erreur propagée parle télégraphe avait porté ses fruits ; et tandis qu’à Paris on s’occupait exclusivement de la dame voilée du Carlo-Alberto, tandis qu’on y discutait avec une vivacité sans égale la question de savoir si on ferait peser sur la duchesse de Berri, factieuse et prisonnière, le niveau de l’égalité, la princesse traversait la France en chaise de poste, passant inaperçue au milieu des gendarmes, présentant ici M. de Lorge comme son mari, le faisant passer ailleurs pour son domestique, et s’amusant de toutes ces ruses, de tous ces périls.

C’est ainsi qu’elle arriva au château de Plassac, près de Saintes, et là fut rédigé l’ordre qui fixait au 24 mai la prise d’armes.

Un avocat de Nantes, M. Guibourg, partit porteur de cet ordre et la duchesse de Berri ne tarda pas à le suivre. Le 17 mai, à neuf heures du matin, elle arrivait au château de la Preuille, près de Montaigu. Une substitution semblable à celle qui avait eu lieu à Massa trompa le postillon,