Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/284

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qui partit pour Nantes sans savoir qu’il laissait derrière lui la guerre civile.

Quelques jours après, la duchesse de Berri montait en croupe de M. de la Roche Saint-André ; et suivie de M. de Mesnard, elle se rendait aux Mesliers, métairie qui allait lui servir d’asile. Elle avait revêtu le costume des jeunes paysans de la Vendée, une perruque noire cachait ses cheveux blonds, et elle avait nom Petit Pierre. Heureuse si la fortune ne l’eût condamnée qu’aux privations et aux accidents d’un pélerinage dont la singularité même charmait son cœur !

Mais de graves soucis l’attendaient. Car tous les chefs vendéens ne partageaient pas l’ardeur dont se sentaient animés MM. de Charette, de Bordigné, de Pontfarcy, de la Roche-Macé, Gaullier, de Tilly, Clinchamp. A côté de ceux qui croyaient tout possible à leur enthousiasme et à leur audace, il y avait ceux qui jugeaient la Vendée incapable de prendre avec succès l’initiative de la révolte. Ces derniers étaient soutenus par les comités de Paris et avaient pour principaux représentants dans l’Ouest, MM. de Goulaine, de la Roche Saint-André, de Goyon, de Tinguy.

Le soir du 21 mai, la duchesse de Berri eut, aux Mesliers, avec ces chefs qu’elle avait mandés auprès d’elle, un entretien dont elle devait conserver long-temps l’impression. En présence de M. de la Roche Saint-André, qui gardait le silence pour ne pas rendre amère à la duchesse de Berri l’hospitalité qu’il lui offrait, MM. de Goulaine, de Goyon et de Tinguy rappelèrent que, d’après les