Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/286

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

provoqué des mécontentements égoïstes, ou fait naître des exigences jalouses, avec lesquelles on ne pouvait se dispenser d’entrer en compromis ; les sacrifices pécuniaires devenaient de jour en jour plus considérables et de jour en jour plus insuffisants ; bien que la police fut très-mal informée, il ne lui avait fallu que quelques arrestations faites au hasard, pour troubler la direction du complot ; enfin, et c’était là pour les conspirateurs un obstacle à-peu-près invincible, l’idée d’un mouvement hardi était improuvée et combattue par les personnages les plus notables du parti. Les membres du gouvernement provisoire n’agissaient pas, n’en ayant ni la faculté, ni le désir ; car le seul qui, parmi eux, fût animé d’un zèle impatient, avait été arrêté, et son successeur était un ancien ministre de la Restauration, homme modéré, quoique plein de dévouement. Et à ceux qui condamnaient toute tentative insurrectionnelle par sagesse et prévoyance, se joignaient ceux que possédait la peur ou que l’égoïsme conseillait. De là, l’avortement d’une insurrection préparée pour le 9 avril. Toutes les mesures étaient prises, les ordres donnés, lorsque, la veille de l’exécution, le mouvement avait été soudain arrêté par un contre-ordre. Une seule brigade, à laquelle ce contre-ordre n’était point parvenu, et qui se composait de trente-cinq hommes, se trouvait réunie le 9 avril au point désigné. Louis-Philippe passa au milieu d’elle, en voiture, sans escorte, et ne se doutant guère que la mort était à dix pas de lui.

C’était au plus fort des embarras et des tiraillements de cette situation indécise, que les légitimis-