Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/287

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tes de Paris avaient reçu la nouvelle de l’arrivée de Marie-Caroline en Vendée. Aussitôt les Chateaubriand, les Fitz-James, les Bellune, les Hyde de Neuville, les Pastoret, prirent l’alarme, et M. Berryer fut député par eux à la princesse pour la détourner de son dessein.

Conduit secrètement aux Mesliers, il trouva la mère de celui qu’il appelait son roi, dans une chambre triste et dépouillée. Enveloppée d’un châle écossais, la duchesse de Berri était couchée sur un lit de pauvre apparence. Près d’elle était une table couverte de papiers et supportant deux paires de pistolets. Là, en présence de MM. de Charette et de Mesnard, M. Berryer supplia la princesse de quitter la Vendée, et, pour l’y décider, il employa toutes les ressources de son éloquente parole. Mais céder la victoire avant le combat ; s’enfuir obscurément d’un pays où semblaient l’avoir appelée les ombres de Cathelineau, de Bonchamps, de d’Elbée, de Lescure abandonner, sans même avoir essayé de la fortune, ceux qui s’étaient compromis pour la querelle de son fils ; souffrir enfin que l’Europe mît en doute si la légitimité avait succombé à force de peur ou à force d’impuissance… la duchesse de Berri ne s’y pouvait résoudre, et quelques mots violents échappés à son dépit, le feu de son regard, l’altération de ses traits, montraient assez combien la prudence coûtait à sa nature passionnée. Elle céda pourtant, après une résistance très-animée, très-opiniâtre, et il fut convenu qu’elle sortirait de France à l’aide d’un passeport que M. Berryer mettait à sa disposition.