Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/288

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Mais, le lendemain, M. de la Roche-Saint-André lui ayant apporté une lettre cachetée de cire rouge, timbrée de Toulon, et à l’adresse de Bernard, nom qu’elle portait dans le Midi : « Oh mon Dieu ! s’écria-t-elle en y jetant les yeux, tout le Midi est en feu ! Non non, je ne partirai pas ! » Était-ce une ruse de sa part ? Était-ce une fausse nouvelle que certains partisans du mouvement lui faisaient parvenir pour la retenir en Vendée[1] ? Quoi qu’il en soit, elle écrivit sur-le-champ à M. Berryer que sa résolution de la veille était changée, et elle se hâta d’adresser au baron de Charette une lettre qui se terminait par ces mots : « Mon cher ami, ne donnez pas votre démission, puisque Petit Pierre ne donne pas la sienne. »

Mais, par une fatalité qu’expliquent suffisamment les divisions du parti royaliste, le maréchal Bourmont, arrivé à Nantes le 19 mai, avait jugé intempestive la prise d’armes ordonnée par la

  1. Le fait dont il s’agit ici, et qui repose sur le double témoignage de MM. de Goulaine et de la Roche Saint-André, a été consigné dans un ouvrage de M. Johanet, intitulé la Vendée à trois époques. Voici ce que nous lisons à ce sujet dans une brochure publiée par M de Charette en réponse au livre de M. Johanet : « Je ne dis pas que M. de la Roche Saint-André n’ait remis à son altesse royale une lettre timbrée de Toulon ; mais je nie positivement qu’elle fût fausse, et qu’elle portât avec elle le caractère de gravité que nos antagonistes, pour ne pas dire nos accusateurs publics, veulent lui donner. Il est fort possible que Madame ait reçu, pendant mon absence, une lettre de Toulon ; ses amis lui écrivaient souvent, et lui laissaient l’espérance d’une insurrection très-prochaine ; mais aucun n’avait mission de lui annoncer que les provinces méridionales fussent en feu. Non monsieur, la détermination prise par Madame de rester en Vendée ne peut être due au contenu de cette dépêche autrement, elle eût pris soin d’en informer tous ses amis. »

    (Quelques mots sur les événements de la Vendée en 1832, par le baron de Charette, pag. 56.)