Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/291

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pays sans y exalter les passions jusqu’à la fureur. De lamentables excès furent commis par les chouans, d’une part ; et de l’autre, par les agents de l’autorité. Le fils du célèbre Cathelineau fut tué à bout portant par un officier, au moment où, découvert dans une cachette avec deux de ses amis, MM. Moricet et de Civrac, il se présentait en criant : « Nous sommes désarmés, ne tirez pas. » Un château appartenant à M. de la Roberie fut envahi, dévasté ; on massacra le fermier et sa femme ; et une fille de M. de la Roberie, âgée de 16 ans, fut tuée d’un coup de fusil. Surpris par des gardes nationaux, M. Charles de Bascher avait été grièvement blessé dans sa fuite, et on le conduisait prisonnier à Aigrefeuille ; mais comme il perdait beaucoup de sang et ne pouvait marcher assez vite, on le fusilla sur la route, sans lui accorder le quart-d’heure qu’il implorait pour recommander son âme à Dieu.

Quant à la duchesse de Berri, elle avait quitté sa retraite des Mesliers, et elle fuyait d’asile en asile, tantôt s’égarant dans les bois pendant la nuit, tantôt traversant des marais sur les épaules de son guide, ou bien passant plusieurs heures de mortelle attente dans un fossé couvert de broussailles, pendant que les soldats lancés à sa poursuite erraient furieux dans les environs. Éviter long-temps les dangers de cette vie errante était évidemment impossible. Chaque jour d’importantes arrestations venaient consterner les légitimistes les têtes les plus hautes du parti n’étaient pas à l’abri des coups d’un gouvernement qui avait tout l’orgueil de la force. Après avoir déclaré en état de siège les arrondissements de Laval,