Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/297

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fallut fondre les deux projets. MM. de Cormenin. et Barrot partirent pour Saint-Cloud, et ce fut dans le parc, à quelques pas du château d’où Charles X était sorti vaincu, que fut préparée, contre son successeur, cette protestation devenue si célèbre. Assis au pied d’un arbre, M. de Cormenin tenait la plume mais, à l’indécision du style et à sa couleur un peu terne, on put juger que ce n’était pas l’étincelant et vigoureux auteur des Lettres sur la liste civile qui avait le plus contribué à la rédaction du compte-rendu.

Quoi qu’il en soit, l’effet produit fut très-remarquable. Les griefs de l’Opposition étaient exposés avec mesure et gravité ; on reprochait aux ministres leur tendance à s’engager dans les voies fatales où la Restauration s’était égarée sans retour ce n’était pas une menace, mais c’était un avertissement austère et solennel[1] Les écrivains de cour répondirent à ce manifeste par de froides railleries, et la polémique soulevée à ce sujet occupait tous les esprits, quand les journaux annoncèrent tout-à-coup que le général Lamarque venait de mourir.

La popularité du général Lamarque donnait à sa mort une importance particulière. Napoléon expirant l’avait nommé maréchal de France ; les officiers des Cent-Jours avaient eu en lui un zélé défenseur et les réfugiés un protecteur persévérant ; son nom était gravé dans l’âme de tout Polonais fidèle ; la Vendée gardait de son passage un souvenir ami ; le parti démocratique l’avait compté au

  1. Voir aux documents historiques, n° 3.