Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/306

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ton d’étudiants et lui dit : « Je suis républicain vous pouvez compter sur nous », et l’on vit plusieurs sous-officiers répondre par des signes d’assentiment à l’invitation de fraterniser avec le peuple. Cependant, le bruit s’était répandu que les élèves de l’École Polytechnique avaient été consignés ; on ajoutait qu’ils avaient demandé vainement qu’un seul de leurs camarades sortît pour aller tenir un des cordons du corbillard. Soudain ils paraissent, au nombre de soixante environ, la plupart tête nue et les habits en désordre. Forçant la consigne, ils avaient renversé le général Tholozé qui voulait s’opposer à leur sortie, et ils accouraient, prêts à se jeter dans l’insurrection. Des salves d’applaudissements, des cris de Vive l’École ! Vive la République ! saluèrent la présence d’un uniforme, depuis 1830 si cher au peuple, et la musique du régiment qui précédait le corbillard joua spontanément la Marseillaise. Le cortège avait traversé la place de la Bastille, il avait parcouru tout le boulevard Bourdon, entre le canal Saint-Martin et les Greniers d’abondance, et passant le petit pont situé à l’extrémité du canal, il couvrait l’emplacement compris entre ce pont et celui d’Austerlitz : ce fut là qu’on fit halte.

Une estrade avait été préparée pour les discours d’adieu. Ceux que prononcèrent le général Lafayette, le maréchal Clauzel, M. Mauguin, les généraux étrangers Saldanha et Sercognani, furent, comme il convenait, tristes, graves et solennels. Mais aux paroles calmes ne tardèrent pas à succéder les harangues les plus véhémentes, et l’effervescence populaire s’en