Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/319

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chaise, et je vous y suivrai. » Abreuvé de dégoûts, jouet d’une ingratitude qu’il rappelait sans cesse, plus que jamais irrité des outrages dont la Cour poursuivait sa vieillesse, il sentait en lui des haines vigoureuses, qui, se mariant à son patriotisme et à son courage, le rendaient impatient de se venger. Mais il manquait absolument d’initiative, et ses amis n’osaient prendre sur eux de disposer d’une vie aussi précieuse. Sa popularité fut donc encore une fois inutile à son parti et à lui-même.

On aurait pu, il est vrai, s’emparer de sa réputation et il est à croire qu’une proclamation créant un gouvernement provisoire, et répandue, le 6 au matin, à plusieurs milliers d’exemplaires, aurait eu un résultat décisif. Car, dans ce cas, la révolution de 1830 revivait avec des circonstances semblables. Beaucoup de personnages marquants se laissaient entraîner par le grand nom de Lafayette ; la moitié de la garde nationale passait du côté de son ancien chef ; les troupes restaient indécises ; et, commencée par des gens de cœur, l’insurrection, en prenant de la consistance, attirait à elle tous les égoïstes, tous les ambitieux, tous les lâches. Mais au-dessus de ceux qui se battaient, rien ne fut tenté, rien ne fut osé. Les bureaux de la Tribune avaient été envahis par des agents de police mêlés à un détachement de gardes nationaux, et l’on avait mis les scellés sur les presses, malgré les protestations de MM. Sarrut et Boussi. Une mesure semblable frappa la Quotidienne, et aurait atteint le National, si ses bureaux n’eussent été situés précisément dans le voisinage des barricades. Ce fut donc au National, où s’étaient rendus quel-