Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/321

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députés de l’Opposition étaient occupés à se répandre en vains discours, et donnaient des signes d’effroi que condamnait la sérénité de M. Laffitte, toujours calme dans le péril. Les ministres allaient être informés par leurs émissaires de l’inaction de Lafayette et des hésitations du maréchal Clauzel. Des mandats d’arrêt étaient lancés contre MM. Cabet, Laboissière et Garnier-Pagès. Les divers corps de l’armée immense qui pesait sur Paris, commençaient à ne plus croire à une seconde révolution de juillet, en entendant les cris de Vive la troupe ! qu’avaient soin de pousser, en défilant devant eux, les bataillons bourgeois envoyés contre les insurgés. Ceux-ci, d’autre part, se décourageaient, se dispersaient, en apprenant que les chefs étaient peu disposés à jouer cette sanglante partie, et que l’autorité des noms manquerait, peut-être, à la révolte. Pour multiplier les défections et contenir le peuple, des agents de police firent partout circuler le bruit que l’insurrection était carliste. Hardi mensonge qui, repoussé par les uns, fut accueilli par les autres sans défiance, et enflamma de colère la garde nationale de la banlieue, que le gouvernement poussa dans Paris rugissante et trompée.

D’un autre côté, parmi les plus hauts personnages de la cour, les dignitaires, les députés ministériels, les généraux, la terreur était extrême. C’était M. Thiers qui, dans la soirée du 5 juin, semblait présider à tous les préparatifs de la défense. Entouré, pendant quelque temps, à l’état-major de la garde nationale, de MM. Bérenger, Kératry, Madier-Montjau, Voysin de Gartempe, il faisait distribuer