Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/322

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des cartouches et envoyait dire aux députés de se réunir en toute hâte, heureux de l’occasion que lui offrait la fortune de s’essayer à un rôle nouveau. Treize députés seulement se rendirent à l’état-major, y compris ceux que nous avons plus haut désignés, et tous ils attendaient avec impatience l’arrivée du roi, ne sachant s’ils allaient lire dans ses regards l’espoir du triomphe ou l’appréhension d’une défaite. Il arriva enfin de Saint-Cloud, après avoir donné à sa famille l’ordre de le suivre. L’état de Paris effraya la reine outre mesure ; elle jugeait la situation plus grave encore qu’en 1830, opinion que n’était pas loin de partager Madame Adélaïde elle-même, connue pour la fermeté de son caractère. La question du départ fut agitée ; mais il y avait, à imiter l’exemple de Charles X, un danger qui ne pouvait échapper à la pénétration de Louis-Philippe. S’il eut des craintes, il en garda le secret devant ceux qui allaient chercher auprès de lui un encouragement à l’espérance. Il les accueillit comme il convenait dans le moment, c’est-à-dire avec un visage rassuré, avec des paroles reconnaissantes ; et il parut ne pas s’apercevoir de la solitude que créait autour de lui la fortune incertaine.

L’insurrection, cependant, campait au milieu de la capitale. Deux barricades coupaient la rue Saint-Martin : l’une au nord, à la hauteur de la rue Maubuée ; l’autre beaucoup plus forte, au midi, à la hauteur de la rue Saint-Méry, et à quelques pas de la vieille église de ce nom. Dans l’espace compris entre les deux remparts, au coin de la rue Saint-Méry et faisant face à la rue Aubry-le