Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/336

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s’abstint de tirer que parce que la pesanteur de l’arme faisait trembler sa main. Le roi, dans cette occasion, n’hésita donc pas à payer de sa personne, montrant à tous un visage calme et souriant, adressant des paroles de consolation aux gardes nationaux qu’il rencontrait blessés, s’avançant vers les groupes silencieux ou hostiles écartant même ceux de l’escorte qui, soit affectation de zèle, soit sollicitude sincère, cherchaient à le couvrir de leur corps.

Trois heures sonnaient lorsqu’une calèche découverte, dans laquelle se trouvaient MM. Arago, Odilon-Barrot et Laffitte, entra dans la cour des Tuileries. Un inconnu s’étant alors élancé à la tête du cheval, le saisit par la bride, en s’écriant : « Prenez garde, Messieurs M. Guizot sort de l’appartement du roi vos jours ne sont pas en sûreté. » Plus surpris qu’effrayés de cette rencontre inattendue, les trois commissaires se firent annoncer. Une longue intimité avait permis à M. Laffitte d’étudier le monarque, et, sur le seuil de l’appartement royal, il dit à ses collègues : « Tenons-nous bien : il va essayer de nous faire rire. »

Admis auprès du roi, les députés lui exposèrent que la victoire qu’il allait remporter était légale et ne devait pas être cruelle ; que le moment était favorable pour réparer les fautes commises, pour calmer l’irritation devenue générale, et qu’il y aurait sagesse à donner le triomphe des lois pour point de départ à un changement de système, reconnu nécessaire ; que la popularité du roi ébranlée, les haines politiques portées à un degré de