Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/35

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gode, Tardieu, Daunou, Bignon, Viennet, Eusèbe de Salverte, le maréchal Clauzel, les généraux Lafayette et Thiard, Odilon Barrot, de Rémusat. Ceux qui se présentaient pour défendre la pairie héréditaire étaient MM. Thiers, Guizot, Berryer, Kératry, Jars, Royer-Collard. La discussion dura plusieurs jours ; elle fut animée, brillante, et, pourtant, au-dessous du sujet, le plus vaste qui puisse occuper l’attention des hommes.

De quelque façon qu’on veuille envisager la pairie, disaient les adversaires de l’hérédité, on verra que l’hérédité est inutile, dangereuse, funeste. Considérerons-nous, en effet, la pairie comme une chambre législative ? Dans ce cas, gardons qu’elle ne soit envahie par des hommes sans élévation de caractère, ou sans patriotisme, ou sans talent. Il n’est pas de fonction plus haute que celle de faire des lois, il n’en est pas de plus difficile de plus importante. Quelle serait notre folie de nous en fier au hasard du soin de nous donner des législateurs ? Par quelle criminelle et puérile imprudence irions-nous, repoussant d’avance les citoyens qui n’auraient d’autre recommandation que leur mérite, confier à une assemblée de premiers-venus le droit de régler nos destinées ? Une royauté héréditaire se conçoit parce qu’auprès du roi le plus idiot veillera toujours l’intelligence d’un ministre responsable. L’Angleterre n’a jamais été gouvernée avec plus de force et de grandeur que sous l’administration de Pitt, ministre d’un monarque atteint de folie ; mais quel remède à l’insuffisance d’une assemblée que les circonstances viendraient prendre au dépourvu ? Considérerons—