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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/36

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nous la pairie comme pouvoir modérateur ? Hâtons-nous, s’il en est ainsi, d’abolir l’hérédité qui, en assurant à la pairie une existence originale, en lui donnant à défendre un intérêt spécial, lui soufflera les passions les plus dangereuses. L’orgueil de l’homme trouve une plus grande jouissance dans la faculté d’imprimer le mouvement que dans celle de l’arrêter car l’action suppose la liberté, c’est-à-dire la force, tandis que la résistance suppose la nécessité, c’est-à-dire la faiblesse. Or, ce qui est vrai d’un individu l’est à plus forte raison d’une assemblée ; et il est dans la nature de tout pouvoir modérateur de sortir de ses attributions, d’employer pour agir les armes qu’il a reçues pour résister. Tenons pour certain qu’un pouvoir réduit au rôle de modérateur dédaigne toujours sa mission. Fort, il s’empare du mouvement ; faible, il le suit. Qu’ajouter, sur ce point, aux leçons que nous donne le Long-Parlement ? La chambre des lords put-elle ralentir la course des communes ? Elle voulait sauver Strafford, elle le condamna ; elle voulait garder au milieu d’elle les évêques-législateurs, elle vota leur exclusion ; elle désirait la paix, elle vota la guerre civile. Que prétendent ceux qui, pour modérer le mouvement qui emporte les sociétés, imaginent de placer face à face une chambre héréditaire et une chambre élective ? Mais c’est mettre en quelque sorte une aristocratie au sein d’une république. Ah ! rappelons-nous plutôt l’ancien combat entre les patriciens et les plébéiens, entre les sénatus-consultes qui rédigeaient en forme de loi l’usurpation, et les plébiscites qui rédigeaient en forme de