Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/352

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aigles, un cercueil que précédaient une voiture et quelques cavaliers. Des hommes marchaient à côté, portant des torches. Quand on fut arrivé à l’église, le commissaire de la Cour, suivant un usage remarquable du pays, se mit à décliner le nom et le rang du défunt ; puis, frappant à la porte, il sollicita l’entrée du temple. Les princes et les princesses de la maison d’Autriche attendaient le mort et l’accompagnèrent dans le caveau où allait pour jamais descendre la fortune de l’Empire.

La mort du fils de Napoléon ne causa aucun étonnement parmi les peuples. On le savait d’une santé très languissante. D’ailleurs, on avait parlé d’empoisonnement, et ceux qui croient tout possible à la frayeur ou à l’ambition des princes, ceux-là disaient : Il porte un trop grand nom pour vivre !

Quoi qu’il en soit de ces bruits, inépuisable aliment de la crédulité populaire, les hommes dévoués à la maison d’Orléans se trompaient, s’ils ne virent dans la mort du duc de Reichstadt que l’éclipse d’un prétendant. Car cette mort ne faisait que signaler la fatalité d’une loi terrible, en cours d’exécution dans ce pays. Pour trouver un successeur à Louis XIV, il avait fallu descendre jusqu’à son arrière petit-fils. Il y avait eu la mort d’un héritier présomptif entre Louis XV et Louis XVI. Un autre héritier présomptif, Louis XVII avait cessé de vivre presque sans qu’on le sût. Le duc de Berri était tombé sanglant à la porte d’un spectacle. Le duc de Bordeaux venait de faire le fatal voyage de Cherbourg. Et maintenant, c’était sur l’héritier présomptif de Napoléon lui-même que s’accomplissait l’arrêt