Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/354

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coup de retentissement et d’éclat. Olinde Rodrigues appela les saint-simoniens à lui comme à l’héritier direct des doctrines du maître, ce fut en vain. Alors L’emprunt qu’il avait émis se trouva naturellement discrédité, les embarras financiers s’accumulèrent. Bientôt la famille de la rue Monsigny dut se dissoudre.

Dans cette crise, le calme d’Enfantin ne se démentit pas. Il possédait à Ménilmontant, au point culminant de la côte, une maison et un jardin : il résolut d’en faire un lieu de retraite, d’étude et de travaux, pour lui et pour ses plus fidèles disciples. Le 20 avril 1832, il annonçait en ces termes sa nouvelle détermination et la cessation du Globe : « Chers enfants, ce jour où je parle est grand depuis dix-huit siècles dans le monde. En ce jour est mort le divin libérateur des esclaves. Pour en consacrer l’anniversaire, que notre sainte retraite commence, et que, du milieu de nous, la dernière trace du servage, la domesticité disparaisse. »

Quarante disciples suivirent Enfantin à Ménilmontant ; et là commença pour eux, combinée toutefois avec un sentiment profond de la hiérarchie, la pratique de la vie commune. Poètes, musiciens, artistes, ingénieurs, officiers du génie, tous ils se livrèrent gaîment, et à tour de rôle, aux travaux les plus rudes et les plus grossiers. Ils réparèrent la maison, balayèrent et frottèrent les salles communes, les appartements, les cours ; défrichèrent des terrains incultes couvrirent les allées du sable extrait d’une mine qu’ils avaient creusée péni-