Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/37

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loi la violence, combat qui mit si long-temps en feu l’empire romain. Et vainement serait-on rassuré contre l’imminence de tels désastres par l’existence d’une royauté médiatrice. Entre une royauté héréditaire et une pairie héréditaire l’intérêt est commun devant une assemblée élective. Ce ne sera, tout au plus, que la guerre de deux contre un, et nous n’aurons abouti qu’à une complication du désordre. Que si, au contraire, on suppose à la pairie héréditaire une volonté qui lui soit propre, quel moyen de faire fléchir cette volonté, lorsque, bravant à la fois et la chambre élective et le trône, elle se montrera obstinément rebelle à des innovations jugées nécessaires ? Aura-t-on recours à une promotion de pairs ? Alors plus de considération, plus d’indépendance pour elle. Elle ne modère rien, elle obéit. Considérerons-nous enfin la pairie comme corps représentatif ? Mais à quel ordre d’intérêts peut correspondre aujourd’hui, dans la société telle que les révolutions l’ont faite, le principe de l’hérédité politique ? Est-ce que les fiefs n’ont pas été abolis ? Est-ce que la féodalité n’est pas morte ? Est-ce que la noblesse, qui consiste, non pas même dans la transmission des fonctions, mais seulement dans celle du titre, est-ce que la noblesse n’est pas à jamais discréditée ? Où chercher, en France, les vestiges d’une classe supérieure qui, comme en Angleterre, se soit unie au peuple contre l’oppression du trône, et ait acquis de la sorte un titre à la reconnaissance des générations à venir ? Où trouver, en France, quelque chose qui ressemble aux rapports de patron à client, de propriétaire à tenancier ?