Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/413

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coupable, et que la plupart des dépositions faites après la sienne s’étaient rapportées à ce signalement ; d’où il fallait conclure qu’elle avait dit l’exacte vérité, à moins qu’on ne lui supposât un rare talent de divination.

L’accusation fut abandonnée à l’égard de Benoist, et soutenue avec un acharnement extrême contre Bergeron, par le procureur-général, M. Persil, et son substitut, M. Franck-Carré. Mais l’accusé et Me Joly, son habile défenseur, la repoussèrent avec autant de bonheur que d’énergie, et ne tardèrent même pas à prendre l’offensive. Après huit jours de débats orageux qui se terminèrent, du côté de Bergeron, par une profession de foi républicaine, très-noble et très-fière, le jury prononça un verdict d’acquittement. Des acclamations joyeuses se firent entendre et se prolongèrent sur le quai de l’Horloge, que couvrait une foule impatiente et que sillonnaient de nombreux soldats.

Armand Carrel, qui avait suivi les débats assidûment, rendit compte de ses impressions, dans le National, de la manière suivante :

« Le jeune Bergeron a débité avec émotion et naturel une courte défense noblement écrite et fermement sentie, et qui prouvera aux gens qui se connaissent en hommes, que celui-ci n’est point un homme ordinaire. C’est le résultat de presque tous les procès politiques intentés jusqu’ici à l’opinion républicaine. Ils n’ont rendu d’autre service au pouvoir que de mettre en relief des caractères d’une forte trempe et des talents pleins d’espérance. Tel est le jeune accusé