Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/42

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prême, fondamental ? Sachez-le bien : la république est au bout de votre système. Et ce n’est pas tout cette pairie que vous ne voulez pas héréditaire, où en chercherez-vous la source ? Dans l’élection ? Vos pairs ne seraient plus que des doublures de députés. Dans la nomination royale ? Vos pairs ne seraient plus que des chambellans, Dans le choix du monarque restreint par une liste de notabilités ? Vous auriez alors, non plus seulement l’aristocratie des fonctions, mais, ce qui est bien plus injuste et bien plus désastreux, celle des fonctionnaires. Dans une combinaison de l’élection et de la nomination royale au moyen d’un système de candidatures ? Votre chambre des pairs, rendue de la sorte hermaphrodite, réfléchirait précisément les passions rivales entre lesquelles son rôle est d’intervenir ; elle présenterait le vivant résumé des deux éléments de lutte dont il s’agit de comprimer le développement funeste. Ainsi, sans hérédité, pas de pairie possible. La république et une seule chambre, voilà, logiquement, les résultats de votre système. C’est la destruction de tout le régime constitutionnel. » Aux seconds et particulièrement à M. Thiers, l’on pouvait répondre : « Vous êtes conséquents, vous, mais uniquement dans vos erreurs. Vous dites qu’il y a dans le monde deux intérêts opposés : le mouvement et la durée. Mais si, au lieu d’être un fait purement transitoire, un fait accusateur de l’enfance des peuples, ce dualisme devait être considéré comme une donnée essentielle et permanente de l’existence des sociétés, qu’en faudrait-ii