Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/445

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conséquence de faire revenir ses ministres sur la mesure par eux arrêtée : ils offrirent alors leur démission. Le roi parut céder ; et c’est ce qui explique le mouvement de troupes qui se fit à cette époque, alors qu’aucun protocole n’autorisait encore les Français, au nom de la diplomatie, à se porter sur la frontière.

Mais l’important était moins de s’en approcher que de la franchir, et la Cour ne manqua pas, sur ce dernier point, de multiplier les obstacles. Car le cabinet de Saint-James ne demandait pas mieux que de traîner les choses en longueur, espérant que les Français, s’ils entreprenaient le siège d’Anvers dans une saison avancée, seraient forcés de le lever honteusement. Voilà quelles préoccupations perfides couvrait cette alliance anglaise, tant vantée ! Et on ne l’ignorait pas aux Tuileries ; on y avait appris que dans plusieurs salons le duc de Wellington s’était laissé aller jusqu’à dire : « Il arrivera au maréchal Gérard devant la citadelle d’Anvers, ce qui m’est arrivé devant Burgos. »

Aussi, rien n’égalait l’impatience du maréchal Gérard. Mais en vain se plaignait-il amèrement, dans son quartier-général de Valenciennes, d’un retard qui ne pouvait se prolonger sans rendre notre armée la risée de l’Europe, et sans nous exposer aux plus cruels revers ; en vain écrivait-il au ministre de la guerre que le camp retentissait de murmures ; que les officiers frémissaient de leur inaction ; que les soldats, qui avaient d’abord refusé les congés, commençaient maintenant à les redemander ; que le service enfin était compromis par