Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/86

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âme façonnée à l’obéissance, l’habitude du commandement et le prestige de l’autorité, même vaincue. Lacombe fut nommé par le préfet gouverneur de l’Hôtel-de-Ville ; et énivré de ses nouvelles grandeurs, il s’y rendit, non pour diriger l’insurrection, mais pour la contenir.

De la part de Lachapelle, de Frédéric et de Charpentier, la résistance ne pouvait pas être bien vive ; mais Pérénon et Garnier n’étaient pas disposés à perdre le pouvoir qu’ils avaient reçu du hasard et de leur audace. Ils composèrent et firent publier, avec l’approbation de Rosset, de Dervieux et de Filhol, une proclamation violente, mais qui partait la trace des opinions légitimistes de Pérénon ; elle fut affichée sur tous les murs de la ville. Pour lui donner plus de poids, les auteurs l’avaient fait suivre de ces noms, connue et aimés de la population ouvrière : Lacombe, Lachapelle, Frédéric, Charpentier.

De son côté, Rosset courait chez M. Dumolard et le sommait résolument de loi remettre l’autorité. Mais M. Dumolard s’était déjà entendu avec les ouvriers les plus influents ; il avait essayé la trempe de ces esprits sans culture ; et il savait déjà jusqu’où peuvent aller chez une race long-temps asservie l’étourdissement et l’embarras du triomphe. Il répondit avec fermeté.

Toutefois, de plus graves dangers menaçaient son pouvoir. Des hommes aux vêtements déchirés, à l’œil ardent, marchaient vers l’hôtel de la préfecture. Ils y entrent et pénètrent dans les appartements du préfet, le chapeau sur la tête et le fusil à