Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/92

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garde nationale licenciée, la ville de Lyon traitée en ville conquise. Et, comme pour faire sentir au peuple jusqu’à quel point on méconnaissait tout ce qu’il y avait eu de louable dans sa générosité et de rassurant dans son abdication volontaire, on mit à Lyon une garnison de vingt mille hommes, et on y entoura peu à peu la Croix-Rousse d’une ceinture de forts hérissés de canons.

Il n’y avait plus de raison pour que le tarif fut exécuté ! Non content de lui refuser sa sanction le gouvernement destitua M. Dumolard pour la part qu’il avait prise à cet acte de justice, oubliant ainsi les incontestables services que ce préfet avait rendus à la cause du roi. M. Dumolard était malade quand le prince royal fit son entrée à Lyon. Le 6 décembre, il lui fut enjoint par le maréchal Soult de quitter la ville, dût-il n’aller qu’à deux lieues pour y attendre d’être en meilleur état de santé. Il sortit donc de cette cité qu’il avait conservée à l’autorité royale, chassé comme un malfaiteur, le corps souffrant, l’âme ulcérée, dans une saison rigoureuse, et, ainsi qu’il l’a écrit lui-même, laissant dans l’abandon une famille consternée, composée de trois générations de femmes, dont une mère de 82 ans et des enfants en bas âge. Il avait pris part à la fixation du tarif !

La nouvelle de l’insurrection lyonnaise n’avait pas tardé à se répandre dans toute la France qu’elle remplit de tristesse et d’anxiété. Ce n’était, en effet, ni au nom d’Henri V ou de Napoléon II, ni pour le compte de la République, que les ouvriers de Lyon s’étaient soulevés. L’insurrection, cette fois, avait un caractère et une