de quelques-uns, à l’audace exagérée qui en livra d’autres aux coups d’un arbitraire bien facile à prévoir, et grâce aussi à des manœuvres de police soutenues par de vraies mesures dictatoriales, une immense force s’était évanouie en un clin-d’œil, et il était devenu impossible même de rassembler dans un commun effort les membres de cette Société des Droits de l’Homme qui avait cru porter et avait en effet porté une révolution dans ses flancs !
On devine la suite. Le pouvoir vainquit aisément une armée absente du champ de bataille. Le 14, dans la matinée, il eut la gloire de faire balayer en courant l’inutile amas de pierres qui obstruait quelques rues de la capitale. Et plut à Dieu que rien n’eût souillé l’ivresse de ce facile triomphe ! Mais non : il était dit que la maison n°12 de la rue Transnonain serait le théâtre de scènes plus abominables encore que celles du faubourg de Vaise ; il était dit qu’au 19e siècle, en plein Paris, au centre d’une ville qu’on nomme la capitale du monde civilisé, le rétablissement de l’ordre irait se perdre dans les horreurs d’une guerre de sauvages, et fournirait matière à une besogne d’assassins !
Le lecteur aura-t-il le courage de lire jusqu’au bout des détails que nous avons à peine ici la force de transcrire, nous à qui le devoir en est si rigoureusement imposé ? Les faits relatifs au massacre qui eut lieu dans la rue Transnonain, le quatorze avril mil huit cent trente-quatre, ces faits ont été recueillis par M. Charles Breffort, frère d’une des victimes ; ils ont été consignés dans un mémoire que M. Ledru-Rollin a revêtu de l’autorité de son nom, et