Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/27

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l’archevêque de Paris une lettre dans laquelle il sollicitait la permission d’entendre la messe, rappelant que la première messe avait été servie par le larron pénitent.

Aussi, quelle ne dut pas être la surprise de Fieschi lorsque son confesseur lui vint dire il faut se préparer à mourir. C’est impossible, s’écria-t-il aussitôt, et la suite prouva combien ce cri était sincère. La veille de l’exécution, il disait à Me Patorni, son avocat, qu’on devait lui faire une pacotille et l’envoyer en Amérique. Me Patorni essayant de lui prouver qu’il se berçait d’un faux espoir, il devint soucieux, et, regardant Nina Lassave, assise à sa table « En tout cas, Nina ira se jeter aux genoux de Madame de Trévise, qui ne refusera point de parler au roi. » Il prétendit, du reste, qu’on lui avait fait des promesses et, comme son avocat lui avait prêté quelques livres « Je vais écrire, dit-il, ce qu’on m’a promis, et, si je meurs, a vous trouverez l’écrit caché dans un de vos livres, quand on vous les rendra. » Les livres furent rendus, mais l’écrit ne s’y trouvait point.

Cependant, l’heure dernière approche, l’échafaud a été dressé pendant la nuit sur la place de la Barrière Saint-Jacques, tout est prêt, les condamnés sont attendus. Fieschi prie l’abbé Grivel de remettre un cigare à Morey comme gage de réconciliation. Morey refuse le cigare, Pépin l’accepte.

La pièce destinée aux préparatifs mortuaires s’ouvrit et reçut les trois condamnés. Fieschi était agité dans sa jactance, Pépin résigné, Morey indifférent et austère. Pendant qu’on procédait à la toilette