Page:Blanc - L’Organisation du travail.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
57
DU TRAVAIL.

en les refoulant avec violence, en les atrophiant par le défaut d’exercice et l’inertie de la volonté ; qu’en un mot, pour relever l’être déchu, il n’y avait qu’à le mettre en tête à tête avec ses crimes !

C’en est assez sur ce sujet : il demanderait à être approfondi, et nous l’avons abordé uniquement pour montrer que, dans un ordre social mauvais par la base, tout système pénitentiaire aura des inconvénients immenses, inévitables. Le meilleur, celui qui moraliserait en effet le condamné au lieu de le torturer, serait lui-même un danger manifeste et un scandale. Car, de quel droit laisserait-on de pauvres enfants sucer le venin du vice dans la misère, à deux pas du pénitencier où l’on s’évertuerait à catéchiser des scélérats en cheveux blancs ? Et ne serait-ce pas le comble de l’imprudence que de convier l’homme abandonné, ignorant, abruti, affamé, désespéré, à chercher dans un crime ses titres au patronage social, et à se frayer la route de l’éducation à coups de poignard ?

Concluons de là qu’il n’est qu’un système pénitentiaire qui soit efficace et raisonnable : une saine organisation du travail. Nous avons au milieu de nous une grande école de perversité incessamment ouverte, et qu’il est urgent de fermer : c’est la misère.

Tant qu’on ne se sera point attaqué au principe du mal, on s’épuisera en efforts stériles contre la