Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/188

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dira que la douleur de la Vierge a été si grande, que, si elle était divisée entre toutes les âmes, celles-ci en périraient immédiatement. C’est pourquoi son amour nous est représenté comme un feu que les eaux les plus abondantes ne pourraient éteindre, et sa gloire près de Dieu, comme dépassant les gloires répandues sur tous les êtres créés. Reine du ciel, elle devait être traitée ici comme une reine ! Exempte de péché, revêtue du soleil, on la dirait soumise à la même loi vivifiante de l’expiation qui a pu obtenir le salut du monde. Elle, qui aurait voulu mourir avec son Fils, fut obligé de prolonger sa vie pendant quinze mortelles années d’un martyre remontant aux sources mêmes de la souffrance[1]. Dieu creusait-il des abîmes en cette âme choisie pour y répandre l’océan de la Félicité ?

Pour nous, si chancelants et si débiles, cherchons notre refuge dans le cœur qui de tous a le plus souffert. Nous sommes si loin des grandes saintetés, qu’elles restent comme incompréhen-

  1. Voir le R. P. Faber, Sources des douleurs de la Sainte Vierge.