Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/216

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soit le fait de l’esclavage, il en est un plus déplorable encore, c’est l’état de notre nature le rendant, hélas ! nécessaire.

On doit comprendre que, sans l’esclavage, la société païenne n’aurait pu subsister. Du travail servile sortit alors la production et, de la production, la population. Dans quelque condition que naisse un homme, il vaut toujours quelque chose ; mieux vaut qu’il soit que s’il n’était pas. Or, il s’agit ici de nations entières.

Sans l’esclavage, qui l’éleva, qui assura sa subsistance, cet homme n’eût point existé, ni aucun des mérites que la patience et le renoncement ont acquis à cette âme naissante. Hors de la société patriarcale, l’espèce humaine, sans l’esclavage, n’aurait pu se multiplier, ni, dès l’antiquité, se répandre sur toute la terre, ni, moins encore, donner le jour à la civilisation antique. En dehors de ces sociétés policées, dont les conditions de perfectionnement supposaient des esclaves, on ne vit que des peuplades clairsemées, dont la vie était plus misérable encore. Sans esclaves, donc, point d’hommes libres : l’esclavage, qui tenait