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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/105

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Du côté des femmes, tresses brunes, rousses et blondes, diadèmes orientaux pailletés d’argent, chemises de toile à larges manches brodées de rouge, jupes de cachemire couleur bluet, coquelicot ou vert-pré, tout un assemblage de nuances gaies et tendres sur le fond duquel papillonnait l’essaim de nombreux enfants presque nus, jolis comme de petits Jésus en cire, et au cou desquels pendait uniformément une croix de bois.

La comtesse salua ce petit peuple, venu là pour lui faire honneur, commanda pour lui une distribution de vivres et de kwass, et n’entra dans la maison seigneuriale qu’après avoir adressé quelques paroles cordiales aux plus vieux de l’assistance.

Mlle Mertaud, qui s’était promis naïvement de faire le lendemain le tour du domaine, reconnut que ce lui serait chose impossible en découvrant, des fenêtres de la chambre qui lui était assignée, un passage d’une immense étendue, fermé à l’horizon par le sombre rideau d’une forêt de sapins dont les pyramides, échancrées d’aiguilles irrégulières, se dentelaient sur l’éther transparent d’un ciel de juin. Çà et là, dans la plaine, se dressaient les coupoles rustiques des églises de divers villages, autour desquelles se groupaient des isbas (maisons de paysans) à toit fleuri de mousses et de folles graminées. Les champs de blé et d’orge, les potagers, les prairies, présentaient comme sur une immense palette, toutes les nuances de vert, depuis le vert tendre jusqu’à celui qui se teint