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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/135

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« J’ai payé le bohémien, dit-il, je lui ai donné un cheval contre un ours et il n’a pas à se plaindre du marché. Puisque je n’ai pas d’argent, je ne sais pas comment je m’acquitterai de ma dette envers M. Carlstone, car pas un de mes habits ne peut remplacer son mac-farlane, et mes toquets auraient besoin d’être élargis pour lui servir de coiffure. »

Le professeur d’anglais, qui s’était tu jusque-là, se leva de sa chaise tout indigné :

« On indemnise un montreur d’ours, dit-il, et l’on offre des excuses à un gentleman. Si à son âge master Stéphane n’apprécie pas cette distinction, tant pis pour lui. »

Stéphane, les bras croisés sur sa poitrine, blêmissait et rougissait tour à tour, fort ému de cette noble sortie de M. Carlstone, mais empêché par son détestable orgueil d’exprimer ses regrets pour tout ce qui s’était passé. La comtesse pleurait, tant elle était désolée et humiliée du sot endurcissement de son petit-fils. Arkadi vint se jeter au cou de Stéphane et le conjura de se soumettre. Il était hésitant, lorsque sa grand’mère se levant :

« Fils du comte Pavel, lui dit-elle, allez demander pardon à M. Carlstone ; à votre place, à votre âge, votre père n’eût point hésité à le faire. »

Demander pardon ! Ces deux mots gâtèrent tout. Stéphane ôtait presque disposé à offrir des excuses à son professeur, les hommes en adressent bien à leurs