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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/201

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Yoci tomba en admiration, ou plutôt en stupéfaction, devant une loge grillée au barreau de laquelle pendait, attachées par les pattes et la tête en bas, une douzaine environ de bêtes qu’il ne sut comment définir.

On eût dit de loin une douzaine de merles ou de pies accrochés par les pattes à un garde-manger ; mais si l’on approchait tout près, on voyait, sortant d’une paire d’ailes de chauves-souris un museau velu et pointu des deux côtés duquel brillaient de petits yeux ronds à pupilles nyctalopes ; parfois les larges ailes entr’ouvraient leurs membranes noirâtres terminées par un crochet, et le corps velu s’agitait dans une sorte de convulsion pour se voiler bientôt à l’abri des ailes repliées. Tada-Yoci se disait bien que c’était là une espèce de chauve-souris gigantesque, mais comme il n’y avait pas d’étiquette aux barreaux de la loge, il ne se serait pas expliqué la singulière attitude de ces animaux, si de deux promeneurs arrêtés comme lui devant la grille il n’y en eût eu un qui servait de cicerone obligeant à l’autre.

« Je ne sais pas le nom scientifique de ces bêtes-là, disait-il, mais j’ai lu un article de journal qui a signalé leur arrivée au Jardin d’acclimatation. Elles viennent du Brésil où on leur donne le nom de vampires qu’elles méritent bien, car elles se nourrissent aux dépens de ceux, hommes ou animaux, qui passent la nuit en plein air. Quand un pionnier en se réveillant le matin se sent affaibli sans cause connue, il cherche jusqu’à ce qu’il ait