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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/203

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— C’est que, voyez-vous, monsieur Jules, quand on n’a que ses bras pour vivre et qu’on se sent l’envie de n’être pas ignorant, on profite des moindres occasions de s’instruire. Et mes camarades d’atelier avaient beau se moquer de moi en me voyant lire jusqu’aux papiers qui enveloppaient mon déjeuner et jusqu’aux bouts de journaux déchirés, votre père les rabrouait et m’encourageait à m’instruire. Et j’aurai beau faire, je ne contenterai jamais ma curiosité de savoir. Le monde est si grand, si plein de belles choses ! Que vous êtes heureux d’être au collége !

— Bah ! je voudrais que tu y fusses à ma place. Tu travaillerais mieux que moi, bien sûr. Mais allons voir ton singe-lion. »

Ils se retournèrent et le collégien aperçut la figure exotique de Tada-Yoci ; il ne put s’empêcher de le désigner à l’attention de son compagnon qui réprima cette indiscrétion en emmenant très-vite le petit Jules. Tada-Yoci ne fut pas blessé de l’étonnement naïf du collégien, tant il était habitué à exciter la curiosité : aussi suivit-il les deux visiteurs pour profiter des connaissances de l’ouvrier ; mais il sut gré à celui-ci de la délicatesse de ses sentiments lorsqu’en s’arrêtant derrière eux devant la loge où ces deux singes-lions promenaient leur majesté minuscule, il entendit Eugène disant à l’enfant :

« Il ne faut pas blesser les étrangers en les regardant