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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/217

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M. Carlstone n’avait jamais eu d’empire sur la comtesse Praskovia, soit parce que sa timidité lui défendait d’insister sur une observation, soit parce qu’il parlait trop peu pour développer la justesse de ses idées. Stéphane prit donc les guides et tout d’abord il conduisit sagement ; mais il s’ennuya vite du train paisilble de l’équipage et il excita ses chevaux de la voix et du fouet, plaisir enfantin qui éveilla les craintes de la grand’mère quand l’attelage prit le grand trot.

« Mais cela va, cela va très-bien, » dit Stéphane en se penchant vers la glace baissée pour rassurer la comtesse.

Un grand cri, un écart brusque des chevaux enlevés et ramenés en arrière par la main vigoureuse du cocher interrompirent cette phrase.

« Qu’y a-t-il ? » s’écria la comtesse effrayée par cette secousse et par la sorte de convulsion que le frémissement des chevaux imprimait à la voiture. « De grâce, monsieur Carlstone, descendez voir ce que c’est. »

On accourait de tous côtés ; des femmes d’ouvriers, des vieillards assis au soleil sur les bancs qui bordent le canal, des gamins qui quittaient leurs jeux pour voir l’accident, entouraient déjà la voiture, et M. Carlstone eut à traverser un groupe assez malveillant pour aider à ramasser un jeune garçon de quinze ans jeté à terre par les chevaux et dont la tête était couverte de sang.

Heureusement le cocher avait eu l’habileté de ramener