Aller au contenu

Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/218

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les guides et de les maintenir d’une main ferme ; heureusement, les chevaux bien dressés avaient obéi au mors qui leur coupait la bouche et s’étaient rejetés en arrière ; sans cela, c’eût été un cadavre que M. Carlstone eût soulevé dans ses bras.

La colère se mêlait à la compassion dans les exclamations qui partaient du groupe populaire.

« Voyez s’ils bougeront de leur brouette ! criait un gamin. Ohé ! descends donc de ton siége, petit cocher de malheur, et aide à monter ton mort. Il est de ta façon, tu peux bien lui prêter ton corbillard. »

C’était à Stéphane, blanc comme un linge et tout tremblant, que cette apostrophe était adressée.

Un ouvrier de mine honnête jeta un regard au loin en murmurant :

« Et pas un sergent de ville ! c’est un fait exprès. »

Puis s’adressant à M. Carlstone :

« Que voulez-vous faire de ce pauvre enfant, monsieur ? Il y a là-bas une pharmacie. Pouvez-vous m’aider à l’y porter, vous ou votre cocher ?

— Non, non, montez ce malheureux enfant dans la voiture, dit la comtesse, nous le mènerons nous-mêmes chez le pharmacien. »

M. Carlstone, le cocher et l’ouvrier soulevèrent le blessé et l’étendirent dans le fond du landau. Il avait une plaie affreuse un peu au-dessus de l’oreille gauche, et son bras qui avait porté à faux sur le pavé pendait