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Maisons de Plaisir

de mire de tous les hommes qu’elles rencontrent sur leur passage.

Que de compliments on leur décoche, que de suiveurs se pressent sur leurs pas, que d’invitations de toutes sortes on leur prodigue !

Les midinettes n’ont garde de se fâcher. Elles rient de tout, s’amusent de tout et saluent tous ces galants par une hilarité des plus bruyantes.

Elles caquètent entre elles comme de jolies petites perruches et ont vite fait de découvrir à laquelle d’entre elles en veut le monsieur qui, suant, soufflant, s’obstine à les suivre.

Si les ouvrières ne sont pas fières, s’amusent d’une plaisanterie, répondent presque toujours à un compliment, elles ne perdent pourtant pas leur temps à faire « espérer » le galant suiveur qui ne leur plaît pas.

Elles sont difficiles aussi, les belles travailleuses, car ce n’est pas l’embarras du choix qui leur manque.

Elles savent qu’elles sont aimées, appréciées, recherchées pour leur chic, leur grâce, par tant de messieurs qui ne demandent qu’à leur venir en aide, à améliorer leur situation si précaire.

Aussi, ne dispersent-elles leurs sourires, leurs œillades et leurs encouragements qu’à celui qu’elles ont jugé sérieux, capable de reconnaître… et de récompenser, le cas échéant, la faveur qu’elles accordent en livrant leur jolie personne.

Si le monsieur qui suit l’ouvrière matinale, en