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et Distractions Parisiennes

petits pieds chaussés d’élégantes pantoufles rouges, ou d’un amour de trotteur qui lui donne un air mutin de fillette espiègle.

Sa coiffure est soignée, seyante et son visage se velouté d’un nuage de poudre qui embaume. Certes son mari ne doit pas rentrer déjeuner, car elle se presse de moins en moins.

Les appels des marchands semblent même la laisser indifférente. Elle rôde pourtant constamment près des voiturettes, s’arrête de ci, de là, regarde partout autour d’elle et reprend lentement, oh ! très lentement, sa marche, pour s’arrêter un peu plus loin.

Distraitement, au bout de son bras, elle balance son panier ou son filet à provisions. Tout à coup, pourtant, elle semble se décider et marchande des fruits.

Alors, un monsieur qui, depuis un instant observe cette jolie ménagère, s’approche à son tour et contemple la marchandise.

— Ça fond dans la bouche ! explique le marchand à la belle cliente, en lui offrant des poires.

Mais l’acheteuse discute, marchande et sourit au monsieur qui place son mot.

Le marchand pérore. Il n’en craint pas un sur la place pour la poire. Il veut absolument que la ménagère, que le monsieur goûtent sa marchandise. Il leur en offre à chacun un morceau à la pointe d’un couteau.