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Maisons de Plaisir

La cliente déguste lentement, et laisse voir ses dents qu’elle a fort belles ; le monsieur, qui la contemple, en oublie de manger.

— C’est bon ! dit la petite femme.

Et elle s’en fait servir une livre ; le monsieur limite, puis, comme elle semble avoir terminé son marché et qu’elle s’en va, il la suit et engage la conversation.

— Fameuses, ces poires !

— Oui ! répond la jeune femme.

Et elle explique que, la semaine passée, elle s’est faite « fiche dedans » par un bonhomme, qui lui a vendu des pommes qui ne valaient rien.

D’un air de mystère, elle confie même au monsieur, qu’elle s’est rudement fait gronder par son mari.

Dame ! son mari est employé ; il ne gagne pas des mille et des cent et alors !…

Engagée sur ce terrain, la conversation roule maintenant sur le mari.

Le monsieur apprend que la belle petite est seule toute la journée.

Ah ! ce n’est pas bien gai, la vie d’une femme d’employé ! Seule, toute seule tout le jour !

Mais oui ! son mari ne peut pas revenir déjeuner ; il travaille dans les grands quartiers.

Et pour aller habiter par là, ce ne sont pas des petites bourses qui peuvent se payer ce luxe-là !