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et Distractions Parisiennes

La « servante » de brasserie doit être solide, car elle boit presque sans interruption une bonne partie de la nuit.

Elle s’enivre assez fréquemment, mais cela ne paraît pas l’incommoder outre mesure. Comme elle se lève assez tard, elle ne se ressent plus du léger mal aux cheveux qui l’étreignait lors de son coucher.

Du reste, c’est affaire d’habitude et elle fait, maintes fois, l’admiration d’un jeune collégien, par la facilité avec laquelle elle absorbe les nombreuses consommations qu’elle se fait offrir.

Le collégien aime la petite femme de brasserie. Il est moins gêné avec elle qu’il ne le serait, dehors, avec une autre.

Il est plus en sécurité et oublie sa timidité qui préside à ses premiers essais d’amour.

De temps à autre, pour augmenter ses petits bénéfices, la femme de brasserie cherche un truc pour servir à son potache enamouré.

Lorsque le collégien est bien allumé et qu’il serre la fille de trop près pour l’embrasser, celle-ci le repousse mollement en lui disant que ce soir, on ne peut pas se laisser embrasser.

— C’est dix sous d’amende par baiser ! déclara-t-elle. La caissière nous a averties !…

Naturellement, le petit jeune homme n’a garde de se rallier à cette observation.

Sa tête est obscurcie, ses sens sont échauffés