On est vraiment étonné de l’excitation laborieuse produite par le système de crédit de la Grande-Bretagne. On a calculé que le revenu moyen de chaque citoyen anglais est de 800 francs par an, tandis que chez nous, il n’est que de 200 fr.
Mais, il faut le dire, si en France la distribution de la richesse n’est pas ce qu’elle devrait être, combien d’abus n’entraîne pas avec lui le mauvais système des Anglais ? Le travailleur produit, il est vrai, beaucoup chez eux : mais l’impôt lui ôte tout, et les choses sont arrangées de manière que la fortune se concentre entre les mains d’un petit nombre de privilégiés. Vous allez en juger par l’exposé suivant, grotesque, quant à la forme, mais fort sérieux au fond, tiré d’un discours de Lord Brougham.
« Nous payons, dit-il, des taxes sur tout ce qui entre dans la bouche, couvre le dos ou est placé sous nos pieds ; des taxes sur tout ce qui est agréable à voir, à entendre, à éprouver, à sentir et à goûter ; des taxes sur tout ce qui est sur terre, sur l’eau et sous terre ; sur tout ce qui vient de l’étranger ou croît chez nous ; des taxes sur les matières brutes : des taxes sur la valeur qu’on leur donne par l’industrie de l’homme ; des taxes sur les sauces qui provoquent l’appétit de l’homme et les drogues qui lui rendent la santé ; sur l’hermine qui couvre le juge et la corde qui étrangle le criminel, sur les clous de cuivre du cercueil et le bouquet de la mariée. Au lit, à bord, au Levant, au Couchant, il faut payer. L’écolier fouette sa toupie taxée, l’imberbe con-