Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/11

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ne demandent que peu de place pour créer des valeurs considérables. Quand les batiments sont insuffisants, on les double en leur donnant quelques étages de plus. Les champs, ai-je dit, ne se moissonnent qu’une fois par année, dans les ateliers au contraire chaque jour de travail est un jour de récolte ; à la lumière que fournit le ciel succède la clarté que nous tirons de l’huile de la houille, de la résine ; la nuit n’existe plus, le repos est inconnu, au moins pour les machines, qui, dans les besoins pressants, voient leurs conducteurs et leurs surveillants se relever les uns les autres, sans qu’elles arrêtent un instant leur marche.

C’est ainsi, Messieurs, que s’explique, dans les temps passés comme de nos jours, la puissance de certains états dont le territoire est ou fut très borné, et qui commandaient à des peuples vingt fois plus nombreux qu’eux. Voyez Venise au milieu des eaux ; les Provinces unies, au sein des marais, la république de Gènes, celle de Florence ; leur industrie, leur commerce, leur avaient donné le sceptre du monde. Voyez de nos jours la Belgique avec ses quelques millions d’habitants ; voyez l’Angleterre avec son territoire deux fois moindre que celui de l’Espagne. D’un côté : le ciel brumeux, une température froide, un sol qui se refuse à produire mille denrées ; de l’autre : des récoltes doubles, un climat chaud sans être brûlant, des terres où croissent les grains, l’olivier, la vigne, la canne à sucre, l’oranger, en un mot les produits des tropiques et ceux du Nord. Pour les uns le ciel a tout fait ; aux autres il a tout refusé ; et cependant ceux