Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/296

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sources. Il faut le dire ; l’usurier prend toutes les formes ; l’emprunteur a-t-il un peu de bien, c’est le propriétaire qui lui prête dans un espoir de rapacité peu honorable ; s’adresse-t-il à des prêteurs ordinaires, il trouve des gens qui le voyant dans la gêne lui disent : « Nous n’avons pas d’argent ; mais voici des marchandises que nous vous cédons à tel prix vendez-les vous aurez de l’argent. » Poussé par la nécessité, il accepte pour revendre à perte à un compère du prêteur, et au bout d’un certain nombre d’années il est complètement perdu. Ces détails vous paraissent incroyables mais demandez à ceux qui ont vécu avec les agriculteurs ; ils vous apprendront que l’usurier agricole est le type de l’espèce, et que dans plus d’un département ces loups cerviers ont réduit nos cultivateurs à la condition misérable du paysan irlandais.

Ajoutez encore à toutes ces causes dissolvantes, un vice d’organisation que nous avons de commun avec l’Espagne, notre malheureuse voisine ; je veux parler de cette coutume barbare qui rattache l’agriculture du dix-neuvième siècle à celle des temps héroïques de l’Arabie et de l’Asie, connue sous le nom de droit de parcours et de vaine pâture et qui n’est autre chose qu’un droit de dévastation et de pillage accordé aux bestiaux, nouveaux mendiants à quatre pates, comme aux temps de la culture patriarcale. Le propriétaire a bien le droit, en vertu d’une loi de là république, de porter plainte contre le voisin qui aura conduit un troupeau sur ses terres ; le garde-champêtre fera son